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Test du JVC DLA-N5

…et comparaison avec le Sony 270es

La première chose qui frappe quand on voit le nouveau JVC, c’est sa corpulence : il est massif, et lourd (19kg). Je passe la présentation générale, à part un mot sur la télécommande que je ne trouve pas très bien pensée, on est obligé de la regarder pour trouver les touches qui sont sans relief…

Le lecteur utilisé pour les tests est un Pioneer LX500 et l’écran une toile blanche classique dans un environnement semi-dédié avec des murs clairs assez lointains, un plafond en bois foncé mais vernis et un large meuble en-dessous pas très mat. Bref, il n'était pas dans les conditions idéales.

JVC DLA-N5, Netteté

La première chose qui m’a marqué c’est le focus très simple à faire, avec pour résultat un excellent piqué sur mire 4k : c'est le premier projecteur non DLP que je vois passer parfaitement les plus hautes fréquences verticales et horizontales (les seuls que je n'ai pas testés sont les Sony 870es et 5000es et le JVC Z1). Sur les quadrillages à 1 pixel c'est moins parfait, mais correct (voir photo ci-dessus).

Les convergences n’étaient pas trop mal, il a suffi de jouer sur le décalage des panneaux de l’ensemble de l’image, 7 crans de bleu en vertical, 3 en horizontal + 3 en horizontal sur le rouge, pour obtenir des lettres sans contour coloré. On pouvait faire mieux bien sûr en y passant plus de temps, mais alors qu'à l'image ça nous paraissait très bien, sur les photos il reste une frange verte et rouge vraiment marquée, plus que ce qu'on voyait en live.

Enfin, à noter que nous n’avons pas essayé de tester l’upscale du JVC, on se doutait qu’elle n’est pas la plus performante donc on a laissé le Pioneer LX500 upscaler, que ce soit pour le JVC et le Sony.

JVC DLA-N5, SDR

En sortie de carton, le JVC N5 tire énormément sur le vert en basse lumière et de moins en moins jusqu'au blanc qui est à peu près correct. Le gamma est bas et un peu en cloche. Les saturations sont par contre bien équilibrées en rec709.

La calibration SDR a été assez simple, le gamma calibré est parfait, ainsi que l'échelle de température couleur rapidement uniforme à 6500K contrairement aux anciens JVC où il y avait toujours un palier gênant entre 10 et 20IRE et qu'on n'arrivait jamais à gommer parfaitement, même avec le logiciel externe.

Les saturations finales sont bien équilibrées à tous les paliers, le gamut rec709 parfaitement reproduit.

Une fois calibré, sur 2.70m toile blanche à environ 6m de l’écran on atteint 19.6fL en lampe bas dans un bruit de fonctionnement faible.

On sent que c’est un projecteur qui est à l’aise à reproduire une image SDR, et les images des films ne nous détrompent pas. Que ce soit sur Casino Royale, Dark Knight ou les 10 mires de différentes luminosités moyennes que j'utilise régulièrement, une chose est sûre le rendu est naturel et précis, avec une très belle netteté, ce qui lui permet de créer des textures convaincantes (enfin chez JVC !), un beau relief et un bon détachement des plans sur toutes les scènes à basses et moyennes luminosités.

Le seul bémol vient encore du contraste ANSI, faiblard, qui écrase un peu les scènes très lumineuses dans leur globalité. Les bandes noires des films en 2.35 s’éclairent avec le passage de zones lumineuses à proximité. C’est un défaut des JVC depuis très longtemps, et notamment par rapport à ses concurrents Sony, Epson et les DLP en général. Mais dans le cas présent, grâce à sa bonne luminosité, sa très bonne netteté et sa très bonne uniformité, la solidité de l’image arrive à me faire oublier ce défaut.

Et contrairement à ce qu’on a pu lire parfois sur ce projecteur, le contraste natif reste bon, avec des noirs convaincants même sans utiliser l’iris.

Enfin la fluidité a bien rattrapé celle des Sony à présent, avec le luxe d’éliminer tous les artéfacts que j’avais pu remarquer sur le 570es ! (si vous avez suivi mes précédents tests, le plus frappant était la déformation totale du chapiteau de cirque dessiné sur le camion du Joker, sous le tunnel de Dark Knight).

JVC DLA-N5, HDR

Au départ, en regardant une ou deux mires, on se dit qu’il va y avoir du travail… L’image est terne, avec une dominante vaseuse (car à ce niveau de déformation colorimétrique ce n’est même plus seulement tirer sur vert !), il n’y a pas de dynamique et il y a un manque d’informations dans la globalité. Pire, notre hôte nous dit que selon les scènes de film, la luminosité varie beaucoup. Je ne comprenais pas au début ce qu’il voulait dire par là… et en testant différentes mires, je me suis rendu compte que le coupable était l’iris en mode Auto 1 : catastrophique et inutilisable ! Dès qu’il s’ouvre ou se ferme, il engendre une chute totale du bleu à partir des gris moyens jusqu’au blanc ! Je n’avais jamais vu pire. Du coup, les choses ont commencé à s’améliorer en le désactivant (le mode Auto 2 n’a pas eu l’air touché par le problème mais je n’ai pas investigué beaucoup, par précaution tous les visionnages ont été fait iris en manuel, donc fixe).

Au niveau des réglages de contraste et de luminosité, aucun problème de mapping contrairement au premier N5 que j’avais rencontré. Une mise à jour a dû régler le problème car le menu du gamma a changé par rapport à celui-là. Au final, régler l’EOTF sur la référence HDR10 pour projecteur ne m’a pas demandé beaucoup de temps, et l’échelle des gris n’est pas plus difficile à régler qu’en SDR. C’est propre et cohérent, avec un clipping ajustable parfaitement. L'auto-tone mapping fonctionne très bien, on peut même régler son intensité. Je n'ai pas eu besoin de me servir de beaucoup de réglages lors de mes tests, juste un point de rectification du gamma en milieu de courbe et en haut pour ajuster les paliers sur la référence.

L’espace de couleur est par contre un peu décevant, pas si proche du DCI qu'escompté, pas assez large sur le vert. Je n’ai pas cherché s’il y avait d’autres modes plus performants de ce côté-là, je suis resté sur le mode HDR sur lequel il bascule automatiquement à la réception d’un signal éponyme.

Les saturations ont demandé un peu plus de travail qu’en SDR, mais mis à part le vert qui reste hors des clous en teinte (le 75% normé est hors des limites du triangle maximal dont le projecteur est capable), les autres couleurs sont presque parfaites.

Et le résultat à l’image est transcendé !

Ce n’est plus le même projecteur après calibration. On retrouve toutes les qualités qu’on avait remarquées en SDR, avec en plus une belle dynamique (85nits sur 2.70m de base, ce qui n'est pas non plus énorme). La lecture des zones sombres est remarquable, que ce soit dans les sous-bois de The Revenant ou le château de Jurassic World ou encore l’hélicoptère de The Arrival. La douceur de la lumière est inattendue, avec un naturel dans les teintes impressionnant : aucune dominante colorimétrique n’apparaît, même dans les passages les plus difficiles.

La fluidité est tout aussi bonne qu’en SDR, avec une vitesse de défilement dans tous les sens impressionnante sur la bataille du début de The Revenant, malgré la quantité de détails à afficher.

Et la netteté fait encore mieux le job qu’en SDR, avec un superbe piqué !

Seul bémol qui nous a un peu surpris et qui demanderait une vérification sur un écran plat 4k : certaines zones très fouillées en détails et de couleurs uniformes (exemple un champ de blé, voir photos ci-dessous), ressortaient différemment selon le mode utilisé pour la netteté : Standard ou Haute Résolution. On a choisi standard pour la meilleure netteté qu’il apportait à distance de visionnage (3.50m environ dans notre cas), tandis qu'en gros plan on préférait l'autre.

Images à ouvrir en grand pour analyse :


Photos du JVC en HDR, Sony Alpha 7 avec objectif fixe, l'écran du magasin Elecson étant placé très en hauteur ne facilitait pas le positionnement de l'appareil pour les prises de vue. Dark Knight était en SDR, les autres en HDR. La forte dynamique du projecteur ne facilite pas non plus les photos :

Calibration rapide du Sony 270es

J’ai passé moins de temps sur la calibration du Sony, déjà pour la simple raison qu’il aurait fallu utiliser le logiciel Sony pour le régler correctement, ce que je fais bien entendu chez mes clients mais le temps était compté pour pouvoir faire la comparaison en une après-midi. Et puis je le connais aussi nettement mieux puisqu'il est une évolution du 260es, avec la possibilité d'activer le motionflow en UHD.

Au niveau du piqué de l'image, toujours cette difficulté à afficher une mire 4k correcte dans les plus hautes fréquences (voir photo au début de l'article) et à obtenir une bonne mise au point.

Pour la calibration, il y a finalement plus de travail sur celui-ci que sur le JVC, même si sorti de carton il est moins éloigné de la norme. Le problème : le gamma par palier n’est pas accessible dans le menu utilisateur. Donc au final je me suis approché de la norme autant que je pouvais, mais le gamma reste un peu en cloche entre 2.2 et 2.4. La température couleur est bien uniforme à condition d’accepter un petit compromis sur le 100%. La luminosité après calibration était de 14.6fL en lampe bas, soit 26% de moins que le JVC.

L’autre défaut du Sony, et qui est vraiment ennuyeux, c’est son incapacité à switcher automatiquement sur un mode préréglé différent de celui en cours d’utilisation lorsqu’il reçoit un signal HDR. Ce qui m’a obligé, ici, dans le cadre du magasin, à trouver un compromis acceptable en colorimétrie entre HDR et SDR.

Les saturations couleurs sont bonnes en SDR, comme d’habitude chez Sony. En HDR, elles ne sont pas trop éloignées mais j’ai été obligé de remonter un peu le bleu de la température pour obtenir le compromis SDR/HDR. Pas parfait donc, on est loin des Sony AF8/AF9 de la gamme OLED…

Quant à l’échelle de luminosité en HDR, il est bien décalé de l’EOTF parfait, avec un manque de luminosité évident, car sur ce modèle comme sur le 260, un tweak sera nécessaire pour le mettre dans les clous ! Evidemment le changement de preset se fera en manuel, comme signalé. Pas idéal pour ceux qui aiment le plug and play…

Au final il reste une marge de progression pour optimiser ce 270es.

Comparaison Sony 270es et JVC N5

Pour cette comparaison, nous avons utilisé la même méthode d’écran splitté que pour le comparo Sony 570es/Christie HD6K. On a décidé de laisser le JVC exprimer sa pleine puissance plutôt que d’équilibrer les luminosités, ayant plus de démos HDR que SDR.

Une petite chose dont je n’ai pas parlé : bonne nouvelle pour le JVC, l'accroche de l'HDMI est très rapide, parfois même devant le Sony qui prend un peu plus de temps pour basculer sur certains films.

Sur les premières images en HDR de The Revenant, le verdict est sans appel : le JVC est beaucoup plus net, précis, et va beaucoup plus loin dans le détail de l’image. On vérifie la mise au point du Sony, sur mire, on cherche à améliorer les réglages du RC et de la netteté… non rien de vraiment mieux : il y a vraiment un écart conséquent ! Est-ce qu’on est tombé sur un exemplaire moyen du 270es ? Difficile à dire, mais la netteté et la mise au point du JVC N5 est tellement meilleure que celle des Sony en général que ça ne m’étonne pas trop en fait. Je n’ai jamais été totalement satisfait de la mise au point de ces projecteurs (760es compris,, d'ailleurs avant ce modèle, JVC ne faisait pas mieux), et face à un appareil qui est vraiment net par l’optique (car c’est de cela qu’il s’agit), la différence ne se fait pas attendre !

Comme signalé, la luminosité du JVC étant supérieure (environ 30%) il permet de meilleurs pics lumineux, et le gamma un peu fort du Sony ne lui permet pas de rivaliser en lecture des zones de clair-obscur malgré son contraste ANSI supérieur. Les bandes noires du Sony restaient par contre plus sombres dans les scènes lumineuses, plus régulières et moins sujettes à cet éblouissement que subissent celles du JVC dès qu’il y a une zone de forte lumière à proximité.

Malgré une luminosité 30% supérieure, les noirs du JVC, dans les scènes sombres, étaient bien supérieurs à ceux du Sony, presque un facteur de 2 visuellement et ceci sans utiliser l’iris auto, par précaution suite au bug révélé plus tôt. En HDR, les détails des zones sombres étaient bien plus lisibles sur le JVC, et ce sans aucune solarisation au voisinage du blanc des effets de lumières ponctuels, ce qui n’était pas le point fort des modèles précédents. Pas de solarisation non plus dans les scènes très sombres. Seul le fameux fondu de l'intro de The Revenant n’est pas passé correctement sur le JVC : le Sony s’en sort mieux sur ce point.

En fluidité les 2 projecteurs sont proches, il aurait fallu chercher des passages de tortures pour peut-être les différencier. Les mouvements de caméra de la bataille de The Revenant était similaires en comparaison temps réel avec l’écran splitté.

Comme signalé, le Sony pourrait être encore optimisé, en tout cas en luminosité et dynamique d'image, mais la différence de netteté et de contraste ne sont pas rattrapables. Et un dernier point : le Sony était très bruyant en HDR, beaucoup plus que le JVC et vraiment étonnamment bruyant je dirais. En mode lampe haut, le bruit du JVC restait raisonnable.

Sur les photos ci-dessous, celle de The Revenant a été prise avant de pousser le Sony au max de sa luminosité, le Sony est à gauche et le JVC à droite. Le plus fragrant, hors luminosité, venait du relief et de la netteté du JVC. Les 3 autres photos montrent le JVC à gauche, et le Sony à droite. C'est simple la luminosité et l'optimisation du tone mapping du JVC créent une vraie différence.

Conclusion

Au final, ce JVC DLA-N5, qui s’est vraiment fait attendre, est une très bonne surprise. Suite à ma visite du salon audio-vidéo où il était mal mis en œuvre (quand JVC va-t-il calibrer correctement ses projecteurs pour cet évènement ?), je n’y croyais pas du tout et je le pensais même en dessous du x7900, sur lequel je trouvais pas mal de défauts.

Mais là, on a vraiment eu la sensation d’être devant une machine totalement nouvelle !

Un piqué excellent et une netteté au top qui lui permet un naturel inconnu chez JVC, tout comme le CMD vraiment amélioré. Combinés au bon contraste natif et à la calibration presque parfaite, cet ensemble donne une image vraiment convaincante, comme j’en ai rarement vu.

Seul bémol, le contraste ANSI qui reste limite pour obtenir des images lumineuses très dynamiques, mais qui représentent une minorité des plans d’un film, défaut qu’on peut compenser en partie en traitant bien les réflexions de sa salle, contrairement à notre salle de démo, ou en utilisant un écran technique.

Kaz

PS : Merci à Fred de Elecson pour son accueil

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