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Test du Sony vw570es

Aujourd’hui nous avons la chance de tester un projecteur prêté par Sony, le vw570es, dans notre dernière salle totalement dédiée et en comparaison avec un projecteur professionnel de marque Christie d’une dizaine d’années qui sera notre référence, une référence d’image cinéma puisqu’il en équipe sans doute certains et utilise la même technologie que ses grands frères. Le test est fait avec notre matériel habituel : sondes Eye One Pro et Display Pro 3, logiciel Chromapure et appareil photo Sony Alpha 7 avec focale fixe. Les mires utilisées pour le test sont issues de Masciola d’une part et de fabrication personnelle d’autre part. Les extraits de films utilisés sont issus d’Oblivion, de Prometheus et Dark Knight en bluray standard, de The Revenant, Jurassic World 2 et Arrival en UHD.

La source utilisée sur le Sony est un PCHC optimisé pour l’occasion avec une carte AMD RX580 et un Core i7, configuré en RVB étendu et 12bit. Sur le Christie, c’est un PCHC avec une carte Nvidia GTX 1060 et un Core i7 également, RVB étendu 12 bits aussi en sortie. L’écran est un CineScreen 4K Référence avec un white backing de 4.20m au format 2.35.

Je laisse aux autres testeurs le soin de faire les commentaires du déballage, du packaging, de la robe de l’engin etc. et j’attaque le vif du sujet avec les réglages Bluray standard.

La Calibration SDR

Alors qu’on dispose d’un écran de 4.20m de base, on choisit de réduire la taille d’image en prévision du test en HDR et de la comparaison avec le Christie, on sera donc sur 3.24m de large en SDR.

Alors qu’il y a quelques années, cette calibration était compliquée, les projecteurs manquant de réglages ou étant incapables de reproduire un blanc à une température de couleur D65 (la lumière du jour) sans perdre la moitié du contraste, aujourd’hui sur ce Sony c’est une formalité. C’est même un euphémisme. Avec 0 heure au compteur, je peux dire que ce 570es a été le projecteur le mieux réglé en sortie de carton que je n’ai jamais vu.

Mais pour commencer il a fallu régler le focus et les convergences. On a eu une petite frayeur à l’allumage en voyant un décalage important des panneaux sur les lettres, mais après quelques minutes de chauffe ça s’est très largement estompé pour révéler un bon exemplaire. Le froid du camion de livraison a dû encore se faire sentir malgré les 2 heures d’attente avant l’allumage. Après 20 minutes, il a suffi de corriger un petit décalage du rouge, uniforme sur toute l’image, pour avoir des lettres bien noires quasi sans débordement coloré sur le bureau Windows.

Le focus était par contre plus difficile à régler, comme d’habitude sur les projecteurs 4k rencontrés. En effet les pixels très petits et l’optique pas assez précise rend très délicat d’obtenir une image nette. Oubliez les mires internes pour un réglage correct, il faut utiliser des mires spécifiques pour trouver un compromis entre les angles et le centre, voire ajuster le positionnement du projecteur afin de jouer sur le lens shift, et ainsi optimiser l’uniformité de la mise au point qui est vraiment très sensible. Lors de notre essai, le vw570es était à 6m de l’écran, à hauteur du milieu de l’écran, légèrement décalé sur la gauche. Malgré tout le soin apporté à ce réglage, on sent vraiment qu’on pourrait faire mieux mais qu’on est limité par l’optique : les lettres ont toujours une auréole et ne sont pas parfaitement découpées. On remarque également une zone de lumière résiduelle en dehors de l’image. En fait on voit bien, en regardant l’optique du projecteur en fonctionnement, une opacité de la couche extérieure sans doute responsable de cette lacune. On verra par la suite quel est l’impact réel de ce manque de transparence.

Après correction du blanc et quelques réglages, j’obtiens les meilleures teintes de peau que j’ai pu voir en projection avec un delta E moyen de 0.8 ! et ceci avec un gamma de 2.3. La calibration est parfaite, rien à ajouter, c’est impressionnant.

Sur 3,24m de base en SDR, projecteur à 6m, on trouve 9500:1 de contraste natif, 28500:1 avec l’iris automatique activé, et une luminosité de 19.6fL en lampe haut après calibration (21 avant). La perte de luminosité est vraiment faible avec la calibration. Sans atteindre le natif d’un JVC, le contraste est très bon, d’autant que l’ANSI est visuellement supérieur.

Vérification de la netteté sur Oblivion et ma mire du scorpion. On remarque une remontée de certains macroblocks, d’habitude fondus dans la masse de pixels, et je dois réduire le traitement du PC en supprimant un filtre de détails pour empêcher cela. En contrepartie, je peux augmenter le sharpness des moyennes fréquences (toujours dans les réglages du PC) pour renforcer le détachement des contours en complément du Reality Creation. Le bruit se réduit considérablement pour mieux révéler les fines parties contrastées de l’image (cils, contours des yeux…). Ci-dessous 2 photos zoomées, la différence de luminosité doit venir du reste de la calibration. A noter que la mise au point de l'APN était un poil moins bonne sur la 2ème.

On en profite pour comparer l’Upscale du PC avec celle du projecteur. Le PC reste un peu au-dessus mais c’est tout de même très bon avec le projecteur.

Et l’image alors ?

On perçoit la justesse colorimétrique évoquée sur la scène d’introduction d’Oblivion avec ses teintes de peau si difficiles à reproduire. Le contraste intra-image et les nuances dans les zones sombres sont très bons. On profite des travellings de cette scène pour tester la fluidité et le Motionflow de Sony, nom donné au système d’interpolation d’image de la marque japonaise. On apprécie le mode combinaison pour le naturel très cinéma du rendu mais il fait perdre un peu de luminosité. On lui préfère le mode fluide bas, pour sa fluidité impressionnante et l’augmentation de la netteté qui en découle. C’est un choix personnel. Jusqu’à présent, nous étions réticents à utiliser ce mode car il y a parfois une sensation d’accélération de l’image qui manque de naturel. Mais au fil des modèles, l’algorithme s’est perfectionné et sans être parfait, il devient difficile de s’en passer tant il ajoute de netteté aux mouvements sans non plus tomber dans le cliché sitcom. Après cela dépend quand même du film d'origine, parfait sur certains, un peu caméscope sur d'autres.

Nous avons tout de même remarqué quelques problèmes provoqués par le mode fluide bas. Voir vidéo sur Youtube : https://youtu.be/f494a6bI_JY. Ce sont des artéfacts provoqués par des lignes contrastées très rapprochées, comme un pull rayé par exemple, que l’algorithme a du mal à interpréter : l’image est brouillée dans ces zones. Malgré ce défaut, nous préférons l’effet impressionnant donné à la poursuite dans le tunnel de Dark Knight par cette fluidité, combinée au contraste intra-image et au très bon niveau de noirs du projecteur.

PHOTOS du Sony 570es en SDR à cliquer pour voir en grand :


Sur Prometheus, dans la grotte au départ, on retrouve le bon contraste intra-image qui chute sur la scène extérieure et la suite à l’intérieur de la cave à cause d’un niveau de noir issu du film qui n’est pas optimal. Le Sony révèle la pellicule sans dénaturer le rendu des scènes, sa gestion des zones sombres est propre et impartiale avec une absence quasi-totale de postérisation au voisinage du noir, même sur des fichiers plutôt compressés, ce qui est un très bon point.

La calibration HDR

Le problème des Sony lors de la lecture du HDR est l’impossibilité de basculer automatiquement sur un mode personnalisé différent de celui en SDR : le passage est manuel. C’est contraignant, surtout pour les personnes qui souhaitent un système vraiment plug and play. Bien sûr l’image HDR est traitée, mais pas possible d’obtenir automatiquement une calibration SDR/HDR distincte (alors que JVC le fait par exemple).

Cette calibration HDR est vraiment conseillée contrairement à celle SDR, notamment à cause de l’échelle des gris très déséquilibrée dans les niveaux intermédiaires et sombres. Il peut y avoir également des erreurs de correspondances avec la source des niveaux blanc et noir, qui doivent correspondre aux bornes hautes et basses du gamma EOTF, dont l’ajustement précis des paliers de luminosité est nécessaire sous peine d’obtenir une image manquant de dynamique, surtout sur un écran qui ne permet pas d’obtenir un niveau max conseillé en HDR comme c’est le cas ici. En effet, sur 3.24m de base en toile tissée avec white backing, on obtient 77nits au lieu des 120nits recommandés. Et en lampe haute, iris ouvert à fond bien entendu, sur le mode le plus lumineux calibré à D65 avec une petite entorse sur les niveaux les plus lumineux pour en tirer le maximum (delta E = 3.2 sur le blanc).

Après réglage, on obtient une très bonne linéarité des paliers de luminosité qu’on aurait encore pu travailler un peu via le logiciel Sony (ici les réglages ont été faits uniquement dans le menu USER). Les écarts avant/après calibration n’ont pas l’air énormes mais visuellement ils sont importants, plus qu’en SDR.

[endif]--L’espace de couleur rec 2020 donne la directive des saturations couleurs. Avec une optimisation à la sonde des couleurs primaires on obtient au mieux 85.7% du DCI. Bien que celui-ci soit donc encore trop étroit, on arrive à obtenir des saturations intermédiaires parfaites à l’exception du vert qui est trop décalé vers le jaune. L’œil humain est moins sensible aux différences de vert qu’à l’ensemble des autres couleurs, même si en cherchant les bons extraits on pourrait sûrement s’en rendre compte, ce n’est pas rédhibitoire. Et la luminance des couleurs est bien gérée.

Je reviendrai par la suite sur la netteté et le piqué de l’image, d’abord un extrait vidéo.

On teste en premier l’intro de The Revenant UHD que l’on a l’habitude de voir. Là on est presque ébahi par le détail des sous-bois : la lumière très réaliste et saisissante, le relief dans les arrières plans, le détachement des troncs des arbres en avant plan… J’avais déjà constaté ce bon rendu sur le vw550es (il était à l’époque plus lumineux car sur 2.70m), cependant il y a quelque chose en plus : et oui c’est la fluidité ! Le Motionflow étant à présent actif en UHD, la netteté apportée par ce traitement est saisissante. Après la visite du campement, la scène d’action confirme cette impression : que ce soit en suivant l’indien sur son cheval ou en tombant à la renverse avec une vue qui se perd dans la cime des arbres, la caméra donne le tournis !

Nous n’avions encore jamais vu cette scène aussi bien reproduite. A ce niveau-là, difficile de ne pas être convaincu, mais il est temps de comparer le Sony à notre référence issue des cinémas.

Christie HD6K et le HDR

Le Christie HD6K est un tri-DLP professionnel de 2007, HD 1080p, avec une lampe au Xenon de 1500 watts dimmable et un iris manuel complémentaire. Pourvu d’un lens shift horizontal et vertical, son placement est plutôt aisé, sauf que la lentille montée dessus actuellement nous limite à 3m de base (lentille fond de salle, qui sera remplacée par une lentille avec une ouverture plus grande). Ce projecteur n’était bien entendu pas HDR puisque ça n’existait pas quand il est sorti, alors comment faire une comparaison avec le Sony ?

Tout simplement grâce au PCHC et son afficheur MadVR (disponible pré-réglé dans la Config Kaz 8). Ce « renderer », comme on dit en anglais, gère l’affichage de l’image vidéo et permet de convertir l’image HDR en SDR en réalisant un tone mapping dynamique : il ajuste en temps réel la conversion des pics lumineux en conservant la teinte et le détail des zones les plus lumineuses, celles qui sont hors de portée de la luminosité de votre diffuseur.

Cette conversion n’exclue pas la calibration, au contraire elle est obligatoire pour régler les couleurs et le gamma tels qu’ils doivent être pour une reproduction d’un film UHD tout comme ce serait le cas avec un diffuseur HDR.

Quant à la mise au point de l’image… c’est d’une simplicité relaxante d’obtenir des lettres parfaitement détourées et sans aucun halo. Bien sûr le pixel est plus gros en 1080p donc c’est plus facile, mais ce n’est pas la seule raison, après tout c’est aussi un appareil tri-matrice il pourrait avoir des problèmes de convergences ou d’aberrations chromatiques. Non, rien de tout ça, c’est de la pure netteté, comme l’image d’un moniteur de PC. D’ailleurs la netteté du Christie est totalement désactivée comme souvent avec les DLP, et c’est le PCHC qui réalise le traitement au travers d’un multisampling qui consiste à augmenter la résolution de l’image pour la traiter et la downscaler. Ceci nous permet de réduire les artefacts de la résolution 1080p. Ci-dessous nous avons inversé une des images projetées et séparé l’écran en 2, le Christie à gauche et le Sony à droite.

Photos HDR, Christie HD6K à gauche, Sony à droite, à cliquer pour voir en grand :

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Là on constate 2 choses :

_ la colorimétrie est plus riche et plus chaude sur le Christie (sans doute dû au spectre de couleurs du Xenon qui reste encore la référence à l’heure actuelle et d’autre part à un petit excès de rouge des saturations).

_ l’image est plus nette, plus découpée et plus texturée sur le Christie, alors qu’on a affaire à un projecteur 1080p. Oui c’est assez bluffant. Heureusement que le Sony embarque le Reality Creation, car sans ce traitement vidéo il serait carrément flou à côté du Christie. En retravaillant un peu la netteté, que ce soit dans le RC + le paramètre Netteté et dans le PCHC, on arrive à gommer un peu la différence.

Pourtant, en s’approchant de l’écran on voit nettement les pixels du 1080p, mais à distance de visionnage (4m50) le résultat est plus naturel sur le Christie, le piqué plus ciselé, alors que certains détails sont gommés de l’autre côté. A cause du traitement, de l’optique ou du tone mapping du Sony ? … difficile à dire, il aurait fallu faire d’autres tests. Quoiqu’il en soit, c’est là qu’on regrette de ne pas avoir une optique full verre sur le Sony car mon petit doigt me dit qu’elle est majoritairement responsable (sauf pour le manque de détails des zones sur-exposées).

Autres photos, Sony à gauche, Christie à droite

Un mot sur les photos : le spectre des lampes étant différent (Xenon vs UHP), l'appareil photo accentue des écarts qui sont presque invisibles à l'oeil. En live, la scène de The Revenant avait quasiment la même colorimétrie sur les 2 projecteurs. On avait d'ailleurs beaucoup de mal à trancher entre les deux images. L'écart était surtout visible sur les couleurs chaudes.





On continue donc la comparaison en repassant l’extrait de The Revenant sur les 2 projecteurs en même temps : le Sony prend l’avantage sur la fluidité, mais c’est fou de voir à quel point le Christie lui tient tête et même le dépasse par endroits sur le détail de l’image. Les textures des arbres en arrière plan, qu’on aurait pensées meilleures à priori sur le 4k, ressortent mieux sur le tri-DLP. Les contrastes des scènes lumineuses sont également un peu supérieurs avec des bandes noires qui restent identiques quelque soit l’éclairage de la scène. A contrario, les pics lumineux sont mieux reproduits par le Sony, certes grâce aux 77nits face aux 73 du Christie, mais surtout grâce au remplissage de l’image de la matrice 4k qui améliore beaucoup le fill factor (par l’absence de lignes entre les pixels) et qui crée des zones lumineuses plus puissantes visuellement (alors qu’à la sonde je ne crois pas qu’on mesure une différence).

J'ajoute une petite vidéo Youtube filmée au téléphone juste pour illustration : https://youtu.be/A-GKscUnoKY

La comparaison est décidément très intéressante, et c’est dans les scènes sombres évidemment que le Sony prend largement l’avantage. Avec seulement 1700:1 natif lors de l’essai, le Christie ne peut lutter avec les 9500:1 de son concurrent : les scènes les plus sombres baignent dans le grisâtre (qui plus avec une dominante rouge car je n'ai pas trouvé comment régler les Offsets sur ce projecteur, on attend un retour de Christie sur ce point) alors que sur le Sony elles sont vraiment bien reproduites avec une très belle progressivité du noir.

Photos HDR temps d'exposition photo augmenté pour capturer le voisinage du noir, Christie HD6K à gauche, Sony à droite :

En conclusion, nous regrettons vraiment de ne pouvoir fusionner ces 2 projecteurs pour obtenir enfin l’image parfaite ! D’un coté, augmenter le contraste natif du Christie aux alentours de 6000:1, ou de l’autre, rendre plus pure la netteté du Sony. D’entre ces 2 rêves, c’est Sony et l’optique verre de son modèle vw870es qui devrait exaucer nos souhaits.


Quoiqu’il en soit, le Sony 570es donne une image vraiment de haute volée, avec un Motionflow, si vous osez déroger au rendu 24 images par seconde du cinéma, qui saura vous en mettre plein les yeux avec une image en mouvement très fluide, nette et contrastée. Ce projecteur suit la logique IMAX en fin de compte, plus démonstratif que ses prédécesseurs, il délaisse un brin le cinéma d’art et d’essai du puriste pour laisser place au grand spectacle.


Kaz


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