Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de tester du matériel nouveau, un peu plus d'un an, faute de temps en partie mais aussi faute de produit qui m'intéresse vraiment. En audio cela bouge un peu plus qu'en vidéo mais les tests sont plus compliqués à faire, la salle ayant tellement d'importance qu'il faudrait pouvoir les installer chez soi, sur un système connu sur le bout des oreilles, pour commencer à tendre vers une certaine objectivité.
Bref, voici la nouvelle gamme JVC qui arrive avec enfin une entrée de la source lumineuse laser chez le constructeur nippon. Alors ces NZ, simples copies de la série N dopés au laser ou produits réellement nouveaux ?
Installation
A priori rien à dire de particulier par rapport à l'ancienne gamme à part qu'il m'a paru plus difficile d'obtenir une mise au point parfaite et une bonne géométrie de tous les cotés. Par manque de chance les 2 exemplaires que j'ai pu tester se sont retrouvés dans une position plutôt focale courte, donc proche des limites d'un zoom ouvert à fond, ce qui peut expliquer cela.
Leur poids a encore augmenté, et à vrai dire les suspendre au bout d'une potence fait un peu peur quand on les soupèse. Attention donc au système de fixation.
La netteté et la finesse des lignes les plus fines semblent avoir légèrement régressé sur les 2 exemplaires testés, si on tient compte de l'ensemble de l'image. Au centre c'est parfait, mais dans les angles l'épaisseur des traits de la mire de convergence rappelle plutôt les Sony que les JVC série N qui étaient d'une finesse impressionnante. Heureusement une fois réglées, les convergences sont difficiles à prendre en défaut même sur les mires les plus précises. Le nez sur l'écran on voit encore un poil de vert sur le NZ8 mais vraiment pour pinailler.
ATTENTION sur le NZ8 !
Au niveau du piqué nous avons réalisé des tests avec et sans traitement eShift 8K en SDR, ceux-ci ont révélé une remontée de mauvais détails lorsque le Panasonic UB420 était en sortie 4K, celui-ci réalisant l'upscale 1080p > 2160p, qui se révèle de qualité très moyenne. En forçant la sortie du lecteur en 1080p, les problèmes avaient disparu grâce au traitement interne du JVC. On ne l'a peut-être pas dit assez : peu importe les scalers ou traitement que vous placez entre la source et le projecteur, si celle-ci ne sort pas une image impeccable ce ne sera pas rattrapable !
Les extraits vidéos ont donc été diffusés avec une source en sortie 1080p.
Calibration SDR
J'ai commencé par faire des mesures à la sonde avant de regarder la moindre image.
Sur les 2 projecteurs, j'ai procédé différemment. Le NZ8 me semblant bien réglé visuellement en sortie de carton j'ai fait une première série de mesures tel quel en mode naturel tandis que sur le NZ7 j'ai lancé l'Autocal avec la sonde Eye One Display 3 et ensuite j'ai fait les premières mesures. Le NZ8 est un des projecteurs les plus proches de la norme en SDR rec709 que j'ai pu mesurer ! C'est très bon. Seuls quelques anciens Sony faisaient mieux et de rares DLP. Les retouches principales concernent le gamma, à ajuster sur la courbe référence à 2.2 et les couleurs, notamment pour affiner le Color Checker sur les teintes de peau et les couleurs spéciales (voir photo ci-dessous). Le NZ7 après Autocal est encore un peu mieux (saturations couleurs presque parfaites) mais nécessitait une retouche plus importante de la température couleur (normal puisqu'il faudrait profiler la sonde avant l'Autocal).
Au niveau de la luminosité, je suis resté dans les 2 cas en mode Middle pour le laser. Le NZ7 projetait sur un écran avec une toile tissée standard de 3.20m de base de ma fabrication (problème de disponibilité aussi à ce niveau, ce n'est pas la meilleure que j'ai pu utiliser), quant au NZ8 il diffusait sur un écran Lumene PVC blanc non perforé de 3m de base qui a déjà quelques années. Les gains étaient respectivement de 0.85 et 1.0. J'ai mesuré le NZ7 à 1150 lumens en tenant compte du gain de l'écran en mode Middle donc iris ouvert à fond et calibré, et 1225 lumens pour le NZ8 dans le même mode. Donc peu d'écart lumineux.
En ce qui concerne le contraste natif, je n'ai pas mesuré le NZ7, le NZ8 après calibration au luxmètre me donne 29500:1 ce qui est très élevé ! Et ça se voit sur les scènes sombres.
Premières impressions
Comme d'habitude chez JVC, l'ensemble donne un sentiment de solidité, que ce soit le projecteur en lui-même ou l'image dès l'allumage. Celui-ci est maintenant plus rapide, peut-être pas autant que d'autres lasers ou alors je n'y ai pas prêté suffisamment d'attention.
Je suis désolé de ne pas avoir de belles photos d'écran à montrer, j'essaierai de compléter le test dès que possible. Avec la pénurie des composants et le déménagement de l'usine JVC qui fabriquera tout au Japon bientôt, je crains que ce ne soit pas avant juillet…
Sur les 2 appareils, l'image en SDR est très bonne, mais je dirais plutôt proche des séries N, mis à part qu'on ne retrouve pas l'éclaircissement qu'ils avaient dans les angles. L'uniformité a progressé en termes d'éclairage, néanmoins je remarque une différence de température couleur visible sur mire entre les cotés et le centre. J'ai rarement vu ça sur un JVC. Encore un problème rendu visible par la courte focale ?
Sur les extraits que je connais par cœur, je remarque l'augmentation du contraste ANSI sur une scène de neige, avec des sapins sombres plus découpés et mieux retranscrits qu'auparavant. Les bandes noires s'éclairent encore un peu sur les gros contrastes.
La fluidité est parfaite, comme d'habitude depuis la série N, très naturelle et cinéma (ce qui ne plait pas aux amateurs d'image très lissées) tout en ne présentant que très peu de judder.
La calibration HDR
Lorsque le projecteur reçoit un signal HDR, il bascule automatiquement dans ce mode et on peut choisir le preset qu'on veut lui attribuer ce qui est très pratique et évite toute manipulation à l’utilisateur lors du visionnage d'un film. On utilisera le preset Frame Adapt pour nos tests, ce qui implique l'utilisation du Tone Mapping propriétaire de JVC qui simplifie encore l'utilisation puisqu'un seul preset suffit pour tous les films, qu'ils soient encodés en 1000 ou 4000nits.
Ici, on est assez loin de la rigueur du SDR en sortie de carton, que ce soit sur le 7 ou le 8 il y a du travail ! Le propriétaire du NZ8 se plaignait d'ailleurs d'images trop sombres dans certains films.
Outre une certaine dérive de température couleur, c'est surtout que la courbe EOTF n'est pas du tout dans les clous !
Malheureusement pour le NZ7, la source était un Zappiti Neo qui se retrouve autant buggué en HDR que ses petits frères, les One 4K HDR, depuis le milieu de l'année dernière (date approximative à laquelle j'ai remarqué le problème) : obligé de beaucoup re-régler les niveaux de luminosité et contraste par rapport au SDR !
Ce n'est pas normal.
Le NZ8 avait pour source un Panasonic UB420 et, là, aucun problème.
Au niveau des couleurs, on décide de se passer du filtre sur le NZ8 pour éviter de perdre 30% de luminosité et rester en mode Middle pour le laser, car en mode haut il est quand même pas mal bruyant, étant installé proche des spectateurs dans cette salle. On atteint tout de même 90cd/m² une fois réglé, avec un gamut dépassant à peine 90% du DCI.
Malgré l'absence d'éditeur, la courbe EOTF après ajustements est très proche de la référence ! C'est très bon, seule la température couleur n'est pas corrigeable sur l'ensemble de l'échelle de gris. Dommage, on attend vraiment que les constructeurs le permettent puisqu'ils le proposent déjà sur les TV !!!
Enfin, nous avons réalisé comme en SDR des comparaisons avec et sans eshift 8K, et là… ça a été la révélation !!!
Je ne sais pas ce que les ingénieurs JVC ont ajouté comme algorithme de sharpness sur les sources natives UHD sur leur eShift 8K, mais c'est impressionnant : l'image est en relief !
On dirait un multisampling réalisé par madVR !
Lors du test, 3 paires d'yeux ont vérifié plusieurs fois ce gap impressionnant : on est restés ébahis… et ça ne m'arrive pas souvent en projection !
C'est bien simple, c'est la plus belle image que j'ai vue jusqu'à présent en UHD HDR !
Agrandissement des images ci-dessous :
Et après la calibration les films n'étaient plus sombres, la lecture des scènes nocturnes est impeccable tout en ayant des noirs denses (souvent c'est soit l'un, soit l'autre), la colorimétrie est impeccable malgré la limitation de l'espace couleur BT.2020 sans le filtre et la gestion de la luminosité presque parfaite grâce au Tone Mapping. En activant le mode Dynamique en Auto 2, on gagne encore un peu dans les scènes sombres sans pompage. Il ne reste que la température couleur qu'on aurait pu peaufiner avec un éditeur 10 points.
Un dernier petit défaut : on a remarqué des déchirements d'images rapides et subtils en mode amélioration de mouvement Haut, donc à laisser sur Bas.
Conclusion
Alors que le NZ7 apporte le laser et une stabilité dans le temps pour les couleurs qui fait plaisir, son image est très proche du N7 dans mes souvenirs, mis à part un peu plus de contraste intra-image comme j'ai pu le signaler. Mais la révélation aura vraiment été ce NZ8, certes vendu à un prix un peu stratosphérique pour les bourses moyennes en homecinema, mais alors avec des performances de traitement d'image totalement inédites en UHD ! A confirmer bien entendu par de nouveaux essais et comparatifs car on n'est jamais à l'abri d'un effet Waouh exagéré sur un moment propice...
PS : cet article a été rédigé en totale indépendance vis-à-vis de JVC qui n'avait même pas d'exemplaire à nous prêter…
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