
Après mon intervention au salon PAVS pour le réglage des JVC présents en démonstration (calibration serait trop dire, en 2 heures de temps pour 4 projecteurs), il était convenu que je teste plus en profondeur un NZ500 et c'est chose faite grâce à un exemplaire déposé à la maison, merci Fabrice et Patrick. Voilà donc un autre test pour lequel j'aurai eu le loisir de prendre mon temps pour me familiariser avec le projecteur en condition d'usage quotidien. Pour rappel, l'écran est fait maison, d'un gris perle ultramat à gain 0.9 environ, 2.20m de base avec cadre bois et traitement des réflexions directes en tissu noir.
En sources, le test sera fait avec un PCHC et madVR de la Config Kaz 9, puis avec un lecteur Reavon (équivalent Oppo 203). Les deux seront paramétrés en YCbCr 4:2:2.
Pour présenter rapidement le projecteur, c'est assurément une toute nouvelle machine qui vient compléter la gamme JVC en remplacement des derniers modèles à lampe d'entrée de gamme (à 6000€ prix public tout de même). Aussi bien le châssis, que l'électronique et l'optique sont nouveaux ici. Son design est plutôt agréable et surtout moins massif que les haut de gamme de JVC.
Son placement n'est par contre pas pour toutes les installations, car le zoom est un peu limité : on ne pourra pas toujours le placer en fond de salle si la base d'écran n'est pas grande. Par exemple, je n'ai pu le reculer qu'à 4.60m de distance pour une base en 17/9 de 235cm (220cm en 16/9). Autant dire que sa focale sera dans la catégorie moyenne distance dans nos salles domestiques.
Netteté, mise au point, convergences
Le réglage de la netteté et des convergences a été très facile, avec peu de décalage des matrices en sortie de carton (le projecteur a 134 heures au compteur au début du test). On aurait presque pu s'en passer tant notre mire de contrôle était uniforme. Le focus est précis et bien uniforme sur toute l'image avec un très bon découpage des micro détails de la mire. A noter que je n'ai jamais eu besoin de refaire la mise au point au cours des 40 heures de mon test et que je n'ai pas remarqué de dérive au cours d'un film. En passant d'autres mires, je relève sur les fins détails de l'image un rafraîchissement des pixels, un peu comme un monoDLP. Et en y regardant de plus près, cela se fait sur toute l'image. Personnellement je ne le voyais pas à plus d'un mètre de distance mais c'est assez étonnant.

J'ai été aussi particulièrement attentif aux filets de lumière que l'on voit souvent sur les projecteurs très lumineux lorsqu'ils projettent de fin détails blancs sur fond noir. Ici, ils sont vraiment très contenus, ce qui est un gros progrès face à des projecteurs même haut de gamme d'il y a 2 ou 3 générations. Sur la photo, même en la surexposant volontairement (voir ci-contre), on les voit très peu, ce qui est un gage de précision sur tous les détails de l'image... et en effet ça se retrouve bien sur les paysages, avec un très bon détachement des plans, ainsi que sur les scènes de nuit ou de ciel étoilé qui sont d'un piqué assez incroyable (scène d'introduction de Love Lies Bleeding par exemple).
Sur les mires habituelles, je teste les réglages du MPC, le menu de la gestion de la netteté de JVC, qui est plus simple que celui des NZ800 et NZ900, avec quand même 30 combinaisons sans compter le paramètre "smooth" qui adoucit certaines transitions de pixels. Ayant déjà un traitement du sharpness via madVR, je l'ai laissé quasiment au minimum mais c'est un outil que j'ai trouvé assez pertinent, travaillant à la fois sur les moyennes et les hautes fréquences de l'image (il accentue les micro contrastes tout en renforçant les fins détails). Pour le lecteur Reavon, il a été positionné en mode Low sur le 2ème ou 3ème cran et l'image était très nette déjà.
Calibration HDR et tone mapping JVC
Comme sur les autres modèles haut de gamme de ces dernières générations, la calibration SDR se déroule sans problème, affinée par la correction de gamma en 13 points du logiciel JVC lorsqu'on connecte un PC dessus via le réseau. Par contre le HDR, étant donné son fonctionnement dynamique, demande plus d'attention et il faut interpréter et adapter chaque calibration à l'environnement et à la taille de l'écran.
Ici nous avons le choix entre plusieurs modes HDR chez JVC :
le mode HDR (PQ)
qui est un mode fixe avec plusieurs courbes de gamma possibles, voire même éditable et tous les réglages disponibles comme en SDR
le mode Frame Adapt
qui est un mode dynamique analysant image par image ou scène par le scène le contenu diffusé afin d'adapter au mieux la vidéo aux capacités du projecteur
Il n'y a pas de Theater Optimizer chez le NZ500 contrairement aux NZ800/900 et d'autres modèles de la gamme JVC précédente. Pour ceux qui ne le savent pas, le Theater Optimizer est un sous-menu du Frame Adapt qui permet d'entrer la taille et le gain de votre écran : le projecteur adapte alors sa (série de) courbe (s) EOTF afin de régler les niveaux de luminosité intermédiaires et obtenir une image cohérente pour votre écran quelque soit le contenu HDR diffusé, ni trop sombre ni trop claire.
Bref, ici l'adaptation devra se faire via la calibration manuelle.

Pour ne rien vous cacher, il n'a pas été évident d'obtenir une bonne température couleur sur toute l'échelle des gris avec le mode Frame Adapt. Il a fallu obligatoirement passer par l'Autocal, et ce avec une matrice de correction maison + une technique qui m'a demandé 4 ou 5 essais avant d'obtenir ce que je souhaitais. Tout ça parce que les niveaux extrêmes de blanc (80 à 100%) voient leur température couleur bloquée dans ce mode qui booste les pics lumineux. Vous pouvez voir sur les captures d'écran ci-dessus l'évolution des courbes, sachant que sur la dernière en bas, on voit qu'on aurait pu faire encore un peu mieux.
La raison est double en réalité, car il y a un écart important entre la colorimétrie d'une mire qui fait 100% la surface de l'écran et une mire qui n'en occupe que 10%. Vous pouvez voir sur la capture qu'on atteint un impressionnant deltaE = 7 entre les 2 mires de blanc, alors que sur le Sony Bravia 8 (au hasard), le deltaE est de 2.

A noter que je n'ai aucun moyen de savoir s'il n'a pas été fait un Autocal sur ce projecteur avant que je ne le reçoive et qui aurait pu le faire varier dans une certaine mesure. Il faut faire très attention avec ce système, qui est performant mais avec lequel on peut vite commettre des erreurs qui vont dégrader l'image.
Lorsque je rédige ce test, il se trouve que JVC sort une nouvelle version de son Autocal qui va permettre d'ajouter directement la matrice de correction pour simplifier le processus. Encore une preuve qu'ils ne cessent de mettre à jour leurs produits, car cela bénéficiera aussi aux anciens modèles !
La colorimétrie de l'espace couleur BT.2020, déjà bonne en manuelle devient encore meilleure, vous pouvez voir par exemple que le 75% du rouge s'est parfaitement placé après Autocal alors qu'il dérivait de prime abord. On a atteint environ 90% de la courverture du DCI, ce qui est bien sans filtre. La luminosité était un peu en-deça de ce que d'autres tests ont mesuré, je trouve environ 1350 lumens calibré avec le laser à 100%.
Avant de développer la partie subjective du rendu visuel, je préfère parler de la calibration de la 2ème source utilisée et qui servira d'élément de comparaison sur certains points afin d'éviter de me répéter et d'alourdir la lecture du test.
Calibration HDR avec tone mapping madVR
De la même manière que pour le test du Sony Bravia 8, j'ai réalisé 2 calibrations HDR : une avec le lecteur Reavon pour utiliser le tone mapping du JVC (Frame Adapt) comme on vient de le décrire, l'autre avec le PC comme source pour utiliser le tone mapping de madVR. Avec ce dernier, comme on sort de la source en SDR, il n'y a plus de difficulté particulière pour le projecteur : il suffit de refaire un preset dédié avec le bon espace couleur et la bonne courbe de gamma corrigée via le logiciel externe pour adapter la température couleur et affiner les paliers de luminosité.

Comme vous pouvez le voir ci-dessus, la luminosité est un peu basse pour atteindre la cible de la calibration HDR : en réalité c'est un choix après avoir essayé plusieurs configurations du tone mapping de madVR. Au départ avec un réglage équivalent à ce que je fais d'habitude, j'avais une sensation de trop d'éclairement ce qui nuisait au contraste intra-image et aux effets HDR. J'ai donc monté à 100 le peak nit dans madVR malgré les 82 nits réels du point blanc du JVC : cet équilibre convenait mieux à ma salle, mon écran, toutes scènes confondues.
Vous remarquerez que la température couleur est parfaite sur les hautes lumières contrairement à celle du Frame Adapt et obtenue en toute simplicité. Les teintes et saturations des couleurs sont grosso modo aussi bien réglées.
Rendu visuel du JVC NZ500
Les 25000:1 de contraste natif et 3600:1 de contraste intra-image mesurés sur ma mire de 10% de luminosité (dans mon environnement) créent un contraste vraiment impressionnant. Au départ, c'est même assez déroutant pour certains, habitués à des contrastes natifs très inférieurs, car les scènes sombres sont d'une telle profondeur que seules les zones volontairement éclairées n'apparaissent.
Et cette capacité à faire du noir n'entache d'aucune manière sa capacité a rendre la majorité des images bien lumineuses. C'est le plus surprenant : comme je le disais j'ai calé mon blanc à 82nits après calibration à 30% du laser, j'aurais pu monter un peu sans que le bruit de fonctionnement du projecteur n'augmente (le seuil est à 46%) mais après avoir testé un pic à 102 nits je suis revenu à la première valeur pour un meilleur équilibre visuel entre le sombre et le clair tant il y a de dynamique et de lisibilité globale.
Encore une fois, la luminosité dont certains sont insatiables, à demander toujours plus, n'est ni pour tout le monde, ni pour toutes les situations. A titre de comparaison, le Sony Bravia 8 à 108nits sur ce même écran donnait une image modérément moins éclairée sur les scènes intermédiaires, que le NZ500 à 82 nits avec le même réglage de tone mapping de madVR. C'est étonnant, mais on touche là à la différence de philosophie d'image entre JVC et Sony : ce dernier va créer plus de pic lumineux (des bribes de lumières incroyables il est vrai en projection, je parlerais presque d'effets de jaillissement comme on décrivait les effets en 3D), tandis que le JVC va donner globalement des scènes plus illuminées, avec une base de noir solide, mais avec moins d'effets de lumière. Et cette base de noir lui permet de se détacher sur les scènes les plus sombres (et ceci sans utiliser le laser dynamique, je l'ai testé brièvement sans y revenir).
Ceux qui ont pu assister à ma démo du NZ500 (4 personnes) se sont bien rendus compte ici, comme je le dis souvent, que la luminosité est bien entendu importante, mais pas au détriment du niveau de noir. 80 nits avec les noirs du JVC NZ500 donnent une image plus dynamique et plus impressionnante que 110 nits avec moins de contraste natif. En plus, grâce à son contraste ANSI important, la dynamique se poursuit dans les images claires avec vraiment l'impression d'avoir un très bon DLP sous les yeux. Si on fait une analogie avec la musique, le noir représente la fondamentale des notes et la lumière ses harmoniques. Si vous écoutez le son d'un instrument sans fondamentale, vous aurez envie de monter le volume pour avoir un meilleur résultat, mais ce sera peine perdue...
On peut voir que madVR est toujours celui qui éclaire davantage les scènes sombres, mais dans les images claires l'écart n'est pas forcément énorme. La difficulté va être de choisir entre l'éclairement de toutes les scènes en Auto (wide) quitte à avoir un peu moins de détails dans les très hautes lumières, et plus de détails en Auto (normal) ou en manuel à 0, -1 et -2 avec moins d'éclairement des scènes sombres. On aurait aimé un réglage séparé du haut et du bas, car même après calibration, on a du mal à choisir. Au final, c'est bien de faire 2 presets, comme JVC le permet avec ses modes Frame Adapt 1 et Frame Adapt 2 : affiner un réglage en Auto (wide) et l'autre en Auto (normal) ou manuel.
Avec madVR, la question ne se pose pas, les scènes sombres sont bien éclairées et les scènes claires sont bien détaillées. La scène de Locke & Keys que j'utilise depuis longtemps n'a jamais été aussi bien rendue ! C'est incroyable même à 1m de l'écran tant on voit de détails sur les gravures en bois, les contours de la porte... avec un noir aussi profond et dense elle apparait en relief !
Par contre sur Aquaman, alors que c'était la force de JVC auparavant, j'ai du mal à trouver un réglage automatique qui convienne parfaitement : soit ça manque un peu de peps, soit c'est à la limite de la surexposition. Il faut l'attaquer en manuel pour obtenir un résultat parfait. Sony avec le Bravia 8 et son nouveau tone mapping s'en sort mieux maintenant sur cette scène, à l'inverse du xw5000es de la génération précédente et qui se retrouve concurrent du JVC NZ500 cette année. On peut voir aussi une différence de colorimétrie entre les 2 clichés, mais je pense que j'ai dû faire la photo avant la calibration finale donc ne pas en tenir compte svp.
A noter que j'ai gardé les mêmes réglages de l'appareil photo que mon test précédent (temps de pose identique par image) alors que j'aurais pu augmenter d'un tiers de stop le temps d'exposition pour mieux saisir la luminosité. Mais on n'aurait plus pu comparer.
Enfin, 2 clichés plein format avec le Reavon en source, donc aucun traitement de la netteté en dehors du projecteur et niveau 3 sur MPC en low pour la netteté du JVC. J'ai dû monter le noir à +50 sous Lightroom car sinon mon cliché était un peu bouché et ne rendait pas justice à la réalité, qui est encore au-dessus de la photo.
Sur nombre de scènes, nous avons été stupéfaits par la capacité du NZ500 à délivrer les contrastes, donnant du relief aux plus fins éléments tout en préservant le naturel de l'image et des textures !
Quelques bémols tout de même
Passé l'euphorie d'une telle image, il y a tout de même quelques points à signaler sur le fonctionnement de ce projecteur.
Quelques fuites de lumière (oui, encore) se sont fait remarquer sur mon plafond et sous l'écran. Alors là, ce n'était pas des halos comme on peut le voir sur les DLP à matrices 0.47" mais bien des fuites de l'objectif avec une luminosité bien en deça de la résiduelle de noir du projecteur donc c'est vraiment léger. J'ai un environnement pour remarquer ce genre de choses et mon oeil y est également très sensible. Avec une optimisation du plafond et du mur de l'écran, il n'y aura aucun souci. Et aucun coin lumineux sur mon exemplaire comme a été constaté parfois sur la série des N et NZ. Si on veut chipoter, l'uniformité sur les mires de gris pourrait être un peu meilleure.
Le bruit de fonctionnement est, par contre, un peu plus gênant. Sans être bruyant sous 46% du laser, il n'est pas non plus le plus silencieux avec une tonalité assez aigue due au bruit de ses ventilateurs. Au-delà et à 100%, personnellement je le trouve assez bruyant. Il faudra le placer en hauteur et le plus loin possible, ce qui ne sera malheureusement pas toujours compatible avec sa focale.
Une sensibilité particulière... sur l'HDMI. Certaines fréquences et résolutions sont plus délicates à faire passer sur le NZ500, semble-t-il, qu'avec les autres projecteurs de sa génération. Ceci pourrait être dû à l'exemplaire que j'ai reçu et son firmware 1.00, mais pour les possesseurs de PCHC attention car il a parfois refusé d'afficher l'image en 3840x2160@60Hz : il semble plus exigeant sur le choix du câble. Pas de problème avec le lecteur Reavon en revanche. Pour ceux qui ont lu le test précédent, je n'ai jamais eu de problème de ce genre avec le Sony Bravia 8. Il présente également un peu plus de rémanence dans les jeux même si la fluidité est bonne... mais on touche ici le point le plus délicat du projecteur :
l'absence de compensation de mouvement !
Alors, ceux qui aiment l'image cinéma, qui sont habitués au 24 images/seconde, pas d'inquiétude : la fluidité du projecteur est très bonne, il n'y a aucun décrochage, aucun artéfact, aucun tremblement visible. En revanche, pour ceux qui aiment les images fluidifiées par le motionflow ou autre artifice concurrent, ça va être difficile pour eux. En effet, il n'y a plus de CMD tel qu'il équipait les N5, NZ7 et autre JVC depuis quelques années. Impossible d'améliorer donc la fluidité des films en 24 img/sec (le CMD activable en 60Hz n'est qu'une insertion de trames noires, il ne crée pas d'images intermédiaires).
Ci-dessous, le rendu d'une scène difficile du film 2001 l'odyssée de l'espace, avec l'arrivée du vaisseau qu'on voit, en effet, quelque peu décomposé tel que tourné à l'époque.
J'ai testé beaucoup d'autres scènes connues et n'ai remarqué aucun problème. Que ce soit Oblivion, Dark Knight ou I am Legend comme ci-dessous, tout passe très bien d'un point de vue cinéma conventionnel.
Conclusion
Je pense que j'en ai déjà dit beaucoup dans ce test qui n'était pas facile à rédiger, mais pour conclure ce NZ500 me fait l'effet du N5 à sa sortie, un vrai gap dans l'évolution de JVC en projection. Et à 6000€ prix public, c'est vraiment très intéressant - voire inespéré - pour tous ceux qui n'ont pas de problème avec ses contraintes (placement, manque de compensation de mouvement, luminosité inférieure à certains concurrents). Ses points forts étant son contraste intra-image impressionnant, son piqué uniforme et son rendu naturel des textures, sa capacité à créer du relief dans les images sombres, son rendu global des couleurs.
Et si vous êtes adepte des DLP haut de gamme ancienne génération, je vous conseille vivement d'y jeter un oeil !
Kaz
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