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Test de l'Optoma CinemaX P2

J’ai déjà calibré quelques projecteurs UST (Ultra Courte Focale) chez des clients, mais cet exemplaire prêté par Optoma est le premier à entrer dans ma salle. Reçu dans un grand carton, il n’en est pas moins petit et je suis même étonné qu’il soit si large. Dans un blanc laqué, il est très bien fini, avec le petit logo Nuforce sur le coté et l’habillage des haut-parleurs d’un joli tissu gris.





Installation


Pour un projecteur qu’on est censé « jeter » sur un meuble pour obtenir un écran de 2m40 de base avec un mur peint, il se trouve que l’installation est loin d’être simple et rapide lorsqu’on a déjà un écran cadre dont les dimensions et la position sont figées. En l'occurrence il s'agit d'un écran peint sur bois, plusieurs couches et une méthode spéciale ont été nécessaires pour obtenir un rendu parfaitement mat (plus mat qu'un écran PVC) avec un gain 0.95. La salle est optimisée partiellement contre les réflexions.


Le premier problème est donc de trouver la bonne hauteur pour que la taille d’image voulue tombe dans le cadre. Il m’a fallu ajouter des planches sur mon meuble bas, à la place habituelle de mon enceinte centrale. Donc attention à ceux qui ont une centrale sous leur écran, la cohabitation avec le projecteur ne sera pas aisée. Mieux vaut privilégier une centrale au-dessus de l’image et encastrée dans le mur si c’est un salon (d’ailleurs acoustiquement c’est mieux). Une fois l’image à peu près dans le cadre, je constate qu’elle est déformée : les lignes géométriques forment une sorte de coussin. Le focus est par contre très simple à faire avec la télécommande, et je n’ai décelé que très peu d’écarts de netteté entre les angles et le centre. C’est très, très net !


Ma mire de 1 pixel est parfaite (voir ci-dessous), aux oubliettes les tri-matrices SXRD et DiLA, complètement largués sur ce point. Et nous verrons qu’il n’y a pas que sur la mire que cette qualité est importante.



Revenons à mon image « coussin gonflable » : heureusement Optoma a intégré un réglage de la géométrie de l’image, réglable selon le niveau de précision que l’on souhaite entre 2x2 et 9x9 zones, soit sur le pourtour uniquement soit, en plus, à l’intérieur de l’image. Donc jusqu’à 81 points de correction. A la main c’est faisable, l’idéal étant d’avoir des lignes de référence sur lesquelles s’appuyer sinon on s’y perd rapidement. A la fin, il restait juste un point en haut à droite que je n'ai pas réussi à aligner parfaitement, mais c'était peu visible. Par contre j'ai fait un poil déborder l'image du coté gauche pour avoir une parfaite géométrie, il aurait fallu que mon écran soit un poil plus grand.



Optoma a également développé une application sur smartphone qui permet d’envoyer une photo de votre image au projecteur afin que celui-ci règle automatiquement la géométrie. Je n’ai pas essayé, mais mon collègue de CinemaPassion n’a pas réussi à la faire fonctionner.




Premières impressions


J’ai commencé par tester le lecteur de médias interne, pour quelques réglages et des extraits de films, mais je me suis vite heurté aux problèmes de non compatibilité de certains formats (limitations diverses volontaires sans doute). Dommage. J’ai donc branché en HDMI un petit Zidoo X9s avec un disque dur en USB. En toute simplicité, on obtient un ensemble multimédia fonctionnel et indépendant avec le son intégré. Et c’est ce qui m’a bluffé au premier abord : je n’attendais rien d’un système son embarqué sur un vidéoprojecteur, mais celui-ci s'impose, avec une bonne intelligibilité des voix, des effets de profondeur sympas et étonnants par moment, et une bonne dynamique. Manque juste un caisson de basses en renfort dans le grave. A noter que ma salle étant traitée acoustiquement, les bases étaient déjà là pour que ça sonne bien.


Ensuite visuellement, après la géométrie et le remplissage de mon écran, la netteté et la luminosité combinées donnent d’emblée un ensemble très consistant, avec des bords bien découpés (et pas fuyants comme certains projecteurs). Seule une petite fuite de lumière à droite, qui se retrouve au plafond chez moi, vient légèrement détourner l’œil dans les scènes les plus sombres.


Avant de calibrer, j’ai donc fait quelques visionnages, en SDR mode cinéma tout d’abord ainsi qu’en HDR, en essayant de régler à l’œil quelques petites choses comme un utilisateur non averti pourrait le faire. Et bien ce n’est vraiment pas facile d’obtenir une colorimétrie naturelle et une image équilibrée… L’image est très dynamique, avec beaucoup de lumière sur mes 2.15m de base, colorée, découpée au scalpel dès qu’il y a des zones éclairées, avec un bon contraste intra-image mais qu’on n’arrive pas à maîtriser au premier abord, et je ne retrouve pas la justesse colorimétrique ni la profondeur des noirs dont j’ai l’habitude.


Avantages du laser de chez Optoma : outre l’allumage/extinction quasi immédiat comme les autres lasers, il est très silencieux et ne chauffe pas du tout. C’est assez incroyable et la première fois que je vois ça parmi les projecteurs, même lasers.


Enfin je trouve que contrairement aux petits DLP (disons sous les 2000€), on a la sensation d’avoir affaire à un appareil stable et solide, même s’il partage la même puce, une 0.47’’ qui parait bien petite quand on a connu les fullHD en 0.95’’.



La calibration SDR


Avant de calibrer, j’ai fait une première série de mesures avec les réglages sortis du carton (ou presque, j’ai juste mis température couleur Chaude sur le mode cinéma), et j’ai compris pourquoi j’avais du mal à le régler : les saturations des couleurs sont totalement à l’ouest, avec des dérives énormes en partie dues au Brillant Color activé au maximum dans ce mode. J’ai également mesuré le contraste et j’ai obtenu 950 :1 natif dans ce mode avec la puissance du laser à 50%, ce qui n’est pas beaucoup. Le gamma est en cloche aussi, ce qui explique les irrégularités du contraste intra-image que j’ai constatées.



Après quelques essais, je choisis le mode Référence comme mode de départ : c’est beaucoup mieux, mais le Brillant Color n’est pas activé, donc la dynamique d’image n’est pas maximale. En l’activant, les dérives de couleur reviennent, mais après avoir trouvé un équilibre correct pour le gamma et la température couleur (les réglages sont très sensibles, le moindre point de trop et les courbes dévient beaucoup), l’utilisation du Color Management permet de résoudre 90% des erreurs. Le voisinage du noir et du blanc sont à régler précisément aussi, à 1 cran près le contraste en pâtit fortement. J’obtiens donc après calibration un honnête 1400:1 natif, avec 76 nits mesurés au luxmètre, laser à 50% toujours.




Et là, oubliée l’image hasardeuse !

Je retrouve les couleurs justes, l’équilibre et les nuances que je vois habituellement sur mon DLP, avec en plus une explosion des textures qui deviennent palpables ! La précision est juste à tomber… sans excès si on ne dépasse pas 2 sur le réglage de netteté pour la box Zidoo, et même 1 avec le PCHC en source et madVR pour affiner les réglages qui sont très basiques sur ce modèle.

Ici les photos ont été prises avec le PCHC en source, mais en sortie 1080p@24Hz. Vous pouvez cliquer dessus pour les voir en plein format.

Optoma CinemaX P2 - Oblivion Jack gros plan

Il y a beaucoup de matière et de densité, sans aucun artifice, ce qui améliore vraiment les textures même par rapport aux DiLA série N que je trouvais déjà très bons sur ce point. Et ceci en m'étant positionné à moins de 1 de ration de recul. Bien entendu, les 1400:1 natifs ne permettent pas de rivaliser avec les SXRD et les DiLA dans les scènes sombres, mais dès qu’il y a un peu de lumière, la résiduelle du noir est moins grise et se fait oublier, grâce au contraste intra-image vraiment très bon. Il y a des passages pourtant que je connais bien où les zones lumineuses prennent une autre dimension (dans Oblivion par exemple, la main de la partenaire de Jack au-dessus du panneau de contrôle tout au début).


Pour gagner encore en contraste on pourrait activer la gestion dynamique du laser, mais je n’en suis pas partisan en SDR : outre les effets de pompage et l’apparition d’un contraste dynamique qui modifie les couleurs, la luminosité devient trop importante sur ma base, ce qui le sort des normes et fatigue les yeux. Le risque de voir des arcs-en-ciel du DLP augmente également, ce serait dommage car c’est un bon élève aussi sur ce point, la roue étant suffisamment bien conçue pour oublier ce phénomène.


La fluidité est juste correcte en 24Hz, donc un cran en-dessous des tenors du marché (DLP 0.95’’ ancienne génération par exemple). En activant le Pure Motion sur 1, l’image devient très fluide, un peu accélérée par moment mais tout de même agréable (je suis très difficile sur ce point) et lors de mes essais sans vraiment d’artéfact visible. Ceci à partir du PC en 24.000Hz car c’est un peu moins bien avec le Zidoo mais je pense que, comme d’habitude, il n’y a pas de miracle avec les petites platines multimédia.


Suite des photos en SDR :


Optoma CinemaX P2 - Equalizer 2 dans le train
Optoma CinemaX P2 - Blade Runner 2049 exploitation agricole
Optoma CinemaX P2 - Equalizer 2 verres du bar

Avant de passer au HDR, un dernier mot sur le mode jeu qui est assez particulier puisqu’il change son EDID à priori (connecté à un PC il se déconnecte et reconnecte) avec des réglages spécifiques et, malheureusement, une désactivation de la correction géométrique locale qui augmentait le retard à l’affichage. L’image est fluide, et on peut recopier les paramètres de la calibration SDR dessus pour un résultat optimal. Seul bémol, mais ça venait peut-être de mon PC qui était un peu juste sur le jeu testé en résolution 4K, encore un léger manque de réactivité par rapport à un écran PC.




La calibration HDR


Lorsque le projecteur reçoit un signal HDR, il bascule automatiquement sur le preset choisi pour traiter celui-ci, ce qui évite toute manipulation à l’utilisateur. Lors de mes premiers essais, je n’ai pas été choqué par la dérive colorimétrique mais l’image était assez froide et la dynamique déjà bien présente. Comme on utilise la pleine puissance de la lampe avec les réglages sortis de carton, les noirs se montrent assez gris sur ma base de 2.15m. Mais je trouve globalement moins la nécessité de calibrer l’image qu’en SDR, alors que les premières mesures montrent l’inverse :


On voit une dérive prononcée des teintes (due en bonne partie à la température couleur trop froide) et une désaturation du rouge, du jaune et du vert. A la calibration elles sont finalement assez faciles à corriger, par contre je n’ai pas réussi à parfaitement superposer la courbe EOTF, ce qui rend l’image un peu claire dans les zones sombres.


A l’image après la calibration, les couleurs sont plus justes bien sûr, mais on constate plus un renforcement de leur densité qu’une réelle correction de teinte, car c’était visuellement pas mauvais malgré les mesures peu flatteuses. Encore une fois c’est la netteté et le piqué d’image qui rendent l'image vraiment bluffante sur les scènes lumineuses, avec une transparence qui nous fait oublier qu’on est face à un écran !


Avec la box Zidoo en source, j’ai constaté sur les parties les plus claires de l’image des zones brûlées avec des teintes qui dérivent légèrement. C’est toutefois assez fugace et ne concerne qu’une minorité de scènes. Le tone mapping sera mieux géré avec madVR sur le PC bien entendu pour ceux qui en disposent et là plus aucun problème.


Au final le seul point faible du projecteur reste le contraste natif, un peu juste avec 1400:1, du coup ce serait vraiment intéressant de l’associer avec un écran technique pour l’augmenter visuellement, ce qui est de toute façon plus que recommandé dans son usage, à savoir les salles de vie, les salons, les espaces multimédias… Attention à en choisir un vraiment adapté aux projecteurs UST, car j’ai vu des associations totalement ratées avec son frère le UHZ65UST !


D'autre part, je trouve le mode dynamique du laser plus exploitable en HDR qu'en SDR, ce qui permet de nettement renforcer les noirs, au prix toutefois d’une variation colorimétrique assez importante dans les scènes sombres. Pour l’optimiser, il ne faut pas dépasser le mode 1, et il faut trouver un compromis dans la température couleur des basses lumières entre les scènes sombres et claires (voir diaporama ci-dessous). Dans mes conditions de visionnage, j’ai préféré limiter la puissance du laser à 85% et le laisser fixe. C’est dommage qu’on ne puisse pas cumuler les 2 réglages.


Diaporama du mode laser dynamique comparé au laser fixe à 85% de puissance :

On peut voir que dans la scène claire (Terminator Dark Fate), une légère teinte rouge apparait aussi, donc il y a vraiment un ajustement possible pour diminuer le phénomène, mais l'équilibre n'est pas facile à trouver.


Pour finir, ci-dessous les photos plein format du HDR traité par le projecteur avec la box Zidoo X9s et son lecteur standard :

(on voit quand même un léger voile clair dû à la courbe EOTF un peu basse dans les zones sombres)


Optoma CinemaX P2 - mire HDR skin tone
Optoma CinemaX P2 - Mire HDR colors
Optoma CinemaX P2 - Dunkirk HDR dans la rue


Et les photos avec le HDR issu du Tone Mapping de MadVR à partir du PCHC :

(on constate que les couleurs sont un peu différentes mais pour le coup celles du traitement de l'Optoma calibré sont plus justes, il aurait fallu refaire une calibration avec le HDR traité par le PCHC et MadVR. Par contre aucune aberration dans les extrêmes et une parfaite maîtrise des contrastes)

Optoma CinemaX P2 - Dunkirk HDR dans la rue via madVR
Optoma CinemaX P2 - Tokyo Drift gros plan visage



Conclusion


On a d’abord la sensation d’avoir un produit abouti entre les mains, bien fini, stable et qui procure une image solide. Contrairement à ce qu’on pourrait penser d’un projecteur UST destiné au multimédia, il demande une optimisation soigneuse pour en profiter au mieux, comme n’importe quel projecteur, mais avec des subtilités en plus (géométrie, mode jeu, retard d’affichage, laser dynamique…). Ce qui m’a vraiment plu c’est d’avoir ENFIN un projecteur UHD qui affiche une image parfaitement précise, avec une grosse netteté comme les projecteurs DLP qui restent une référence à l’heure actuelle, et sans aucune grille visible, une image totalement pleine (un fill factor avoisinant les 100%) qui permettrait d’avoir le nez sur la toile sans aucune gêne ! Ce qui est encore plus étonnant quand on pense que c’est du 4K obtenu par wobulation (multiplication des pixels via un décalage ultrarapide d’images fullHD). Pour obtenir un sérieux concurrent aux machines les plus chères, il n’y a plus qu’à travailler le contraste natif niveau hardware, et niveau software améliorer un peu le système d’interpolation de mouvement et le tone mapping.



Merci à Lynda et Optoma pour le prêt


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