KazCorporation en partenariat avec EasySols vous présente son concept de Cinéma Privé nommé « Open Sky Theater », un concept assez différent de ce qu’on a l’habitude de rencontrer.
Voici les grandes lignes de son cahier des charges :
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une isolation solide contre les transmissions de bruits,
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une acoustique naturelle digne d’une grande salle,
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une esthétique propice à l’évasion,
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un budget contenu inférieur à 1000€/m² tout compris.
Nous reviendrons en détails sur ces points pour expliquer leur importance dans la qualité de reproduction de l'ambiance cinéma et les caractéristiques techniques qui en découlent. Plutôt que de parler théoriquement, nous allons prendre un exemple concret : une extension de maison au rez-de-chaussée, sur terre de qualité, d’une surface brute de 30m², spécialement conçue pour cet usage. Néanmoins, pour des raisons de coût et de permis de construire, deux concessions ont été faites :
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un toit en bac acier qui ne présente pas la même isolation que les murs en parpaing,
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une porte fenêtre qui n’a normalement pas sa place dans une salle dédiée.
Tout d'abord, avant de démarrer les travaux, il a fallu faire une étude sur plans pour l'implantation de la salle, et pour permettre le choix de l'esthétique une simulation 3D qui permette de travailler avec l'assurance d'obtenir ce que l'on imaginait.
Simulation 3D de la salle et Workplans
Première version de la simulation de la salle
Deuxième version de la simulation de la salle, lumières et décoration
Vision de la salle dans son ensemble avec l'épaisseur du traitement de la scène avant
Première version de la simulation de la salle
1. L'isolation acoustique
Son importance est le plus souvent sous-estimée lors de la création d’un cinéma privé. Quelques sociétés sont spécialisées dans l’isolation acoustique mais elles créent en général des studios ou des pièces de musique éloignées des normes du homecinéma. Nous avons décidé de rassembler ces deux mondes en un concept plus abordable financièrement que ceux de nos concurrents.
Pourquoi l’isolation est-elle importante ?
Elle a deux buts :
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empêcher les sons d’entrer : avec un niveau de bruit ambiant faible, on crée un calme propice à la détente. La sensation est immédiate. Autre intérêt et non des moindres : la dynamique du son est supérieure, la qualité sonore progresse de façon sensible sans changer de matériel.
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empêcher les sons de sortir : de façon évidente, si vous êtes obligés de baisser le son pour ne pas déranger vos voisins, vous ne pourrez pas profiter au mieux de votre installation.
Dans notre exemple, une étude acoustique prenant en compte ne nombreuses caractéristiques (écoute cinéma 105dB en crête et 85dB moyens, la distance du voisinage, la nature des murs, la disposition de la salle dans la maison…) ont établi une cible de 70dB d’isolation, avec un minimum de 39dB pour l’accès à la salle qui sera constituée d’une porte acoustique, et 40dB pour la porte-fenêtre avec vitrage spécial. Pour la porte, 39dB parait faible, mais si l’on regarde le plan de la maison, on se rend compte que c’est suffisant puisqu’elle débouche dans un cellier qui crée un sas d’isolement.
Pour obtenir une telle isolation il n’y a qu’une seule solution : la désolidarisation totale de la salle par rapport aux murs, sol et plafond. Les photos suivantes montrent que la dalle de béton qui constitue le sol est posée sur un lit de laine de roche et ne touche pas les murs en parpaing ; les cloisons qui isolent la salle avec 12cm de laine de roche ne touchent pas les murs ; enfin, le faux plafond repose uniquement sur les cloisons sans aucun contact avec le toit.
Lors de la construction, le soin à apporter est double :
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éviter toute fuite d’air, il faut que tout soit calfeutré et qu’il n’y ait absolument aucun contact avec les structures rigides qui entourent la salle pour éviter la propagation des vibrations sonores dans les parois,
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éviter toute vibration future qui perturberait le message sonore des enceintes.
Pour ce dernier point, outre la notion de bruit parasite classique, il s’agit de créer des cloisons ayant un comportement neutre vis-à-vis des vibrations sonores. Un soin bien supérieur aux constructions classiques est donc nécessaire.
Dans les Cinéma, un niveau de bruit NR30 est requis au maximum. Cette courbe suit une pondération par rapport à la sensibilité de l'oreille humaine.
Construction de la structure isolante
Dalle béton désolidarisée du sol et des murs, unique point de fixation de toute la salle
La salle brute et la dalle flottante réalisée par les artisans qui ont construit l'extension
Les courbes obtenues permettent de définir le meilleur placement du caisson et d'estimer le traitement acoustique
Dalle béton désolidarisée du sol et des murs, unique point de fixation de toute la salle
2. Le traitement acoustique
D’un point de vue acoustique, 30m² reste une petite salle. Il suffit de comparer ça aux salles de cinéma ou de concert pour s’en convaincre. Or, souvent, les petites salles de cinéma dédiées sont trop mates d’un point de vue acoustique, le son est sans vie, trop étouffé. La sensation quand on entre dans ces salles est un peu perturbante. Techniquement l’équilibre sonore n'y est plus, avec un aigu trop absorbé par rapport au grave, celui-ci étant impossible à totalement traiter sans un volume important qui n’est pas disponible. Parfois même le médium résonne plus que l’aigu.
Pour remédier à ce problème, notre étude acoustique a pour but de maintenir un temps de réverbération aussi constant que possible depuis le grave jusqu’à l’aigu. Cela se traduit à la mesure par un temps de 0,2s pour une décroissance énergétique des enceintes principales de 60dB.
A la fin de la partie isolation, salle vide, des mesures audio ont été effectuées selon un quadrillage au sol précis avec enceintes et caisson de basses. Ceci nous a permis de connaître par calcul la quantité de traitement acoustique par fréquences à appliquer dans la salle, mais c’est la nature et l’organisation de ces traitements pour les intégrer qui a demandé le plus de recherches.
Articulé autour de 3 zones principales, le traitement s’adapte également à l’esthétique souhaitée, ce qui n'est pas toujours chose aisée :
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Plafond Open Sky, c'est-à-dire un plafond sans dalles acoustiques, tout en relief entre les corniches et l’ilot acoustique, ce qui permet de créer des jeux de lumière fantastiques. Le plafond va à la fois traiter et diffuser le son, tout en intégrant les enceintes pour l’Atmos, le dernier standard Dolby,
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La scène avant est le point crucial de l’absorption des fréquences les plus basses, avec une construction tout en bois d’une épaisseur de 70cm au total, permettant l’intégration des enceintes sur leur socle sur-mesure anti-vibrations intégrées dans le traitement acoustique pour un son d’une précision et d’un timbre impeccables,
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Les murs latéraux et arrière répondent à la nécessité de créer un champ surround homogène autour des spectateurs. Ils permettent également d’éviter tout écho flottant et de traiter le son venu de la scène avant. Les murs sont surmontés de corniches qui traitent aussi le son, intègrent les surrounds back à l'arrière et permettent l’éclairage du plafond.
L’homogénéité recherchée ne s’obtient qu’une fois tous les éléments mis en place et aucun matériaux n’est choisi au hasard. La mesure du temps de décroissance énergétique des enceintes à 15 emplacements différents dans la salle espacés de 80cm démontre la réussite de la mise en œuvre et colle à l’estimation du calcul (voir slide ci-dessous).
Simulation par calcul du temps de réverbération prévisionnel de la salle en fonction des matériaux utilisés (de la moquette aux fauteuils en passant par les panneaux acoustiques, tout est pris en compte pour éviter les erreurs)
Fabrication du traitement acoustique sur mesure
Réalisation de la scène avant, du plafond Atmos incluant le traitement acoustique et des corniches
Enceintes surrounds Atmos et Back réalisées sur mesures
Waterfall après traitement en ce même point : l'extended bass absorption fonctionne jusqu'à 40Hz !
Réalisation de la scène avant, du plafond Atmos incluant le traitement acoustique et des corniches